Léon Tolstoï avait une recette pour le bonheur, je l'ai découverte dans un cahier que j'ai reçu par la Poste samedi matin. Une recette d'une simplicité déconcertante, vraiment. Mais ce n'est pas la chose la plus intéressante dans ce que j'ai reçu, même si le cahier est super joli. Dans le colis, il y avait encore mieux : des bredele confectionnés par une fée alsacienne (enfin, j'ai quand même failli m'empoisonner avec un spritz à la noix de coco - la noix de coco est une preuve irréfutable de la non-existence de Dieu - mais tout le reste était délicieux, surtout les brünsli et les macarons ronds).
D'ailleurs, j'avais moi-même les mains dans la farine au moment où le facteur a sonné à la porte car j'étais en plein atelier Weihnachtskekse. Etant un peu psychorigide sur les bords, je fais INVARIABLEMENT les mêmes biscuits depuis presque dix ans. Sauf cette année : j'ai eu envie de fourrer mes Lebkuchen de confiture d'abricot, pour me rapprocher des réconfortants Lebkuchen que j'avais l'habitude de boulotter dans ma solitude viennoise.
J'ignore pourquoi je persiste à préparer ces biscuits et à les offrir, car non seulement les Lebkuchen fourrés sont ATROCEMENT longs à faire, mais en plus, le temps de les distribuer, les Linzer Augen sont déjà ramollis par la confiture, le glaçage chocolaté des Lebkuchen menace de fondre...
Dix heures de labeur acharné pour obtenir ça. Bouhouhouh...
Que les destinataires me pardonnent.
Enfin, passons maintenant à des choses plus réjouissantes, à savoir la petite sélection de livres que je vous avais promise la dernière fois. Il ne s'agit pas de livres de cuisine, mais bon... il n'y a pas que la cuisine dans la vie.
Je commence avec le catalogue de la rétrospective Michael Kenna, dont j'ai déjà parlé ici.
Ce livre est idéal pour prolonger le plaisir de l'exposition à la BnF, ou pour ceux qui ne peuvent s'y rendre. Si la peinture pâtit énormément de la reproduction sur catalogue, ce n'est pas le cas de la photographie. Autant en profiter, confortablement installé sur son canapé, avec un bon thé fumant et des bredele, par exemple.
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Quand une gourmande notoire (Sonia Ezgulian) rencontre une adepte de polaroids (Caroline Briel), ça donne un délicieux carnet de gourmandises. Ce livre est arrivé dans ma boîte aux lettres un jour d'octobre alors que je n'en soupçonnais même pas l'existence (il fut choisi avec soin par une amie qui commence à bien me connaître). Depuis, je le feuillette en rêvant de trouver à nouveau des recharges de polaroid et de pouvoir voir ce que Sonia Ezgulian griffonne dans ses innombrables petits carnets.
Un grand merci à P.
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Un livre délicat et précieux concocté en duo, lui aussi. Un voyage au Japon à travers photos, dessins et haikus. Les clichés argentiques de Magali Lambert et les dessins de Laure Chapalain s'entremêlent à merveille. Le bol de nouilles fumant avec ses volutes imaginaires laisse rêveur, tout comme les paysages peuplés de créatures irréelles. C'est poétique. C'est beau.
Merci, Caroline, de m'avoir fait découvrir ce livre sublime.
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Pour ceux qui ont toujours rêvé de voir ce que contiennent les carnets des dessinateurs, et qui ont un faible pour les croquis et les brouillons, ce livre est passionnant. On peut y voir des pages de carnets de designers, apparemment connus (puisque désignés comme "most influential") mais pas de moi en tout cas (certes, je ne suis pas une référence en la matière). Le processus de création est montré à travers les esquisses, les brouillons, qui traduisent les tâtonnements et les réflexions de l'artiste. Une lecture extrêmement stimulante.
Après l'avoir pris, feuilleté, reposé, repris, re-feuilleté, re-reposé, et ce un certain nombre de fois, je n'ai pu me résoudre à quitter la librairie sans ce livre.
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Pour finir, il y a bien un livre de cuisine dont j'ai envie de vous parler ici, mais attention : ce n'est pas un livre glamour comme celui-ci, ou celui-là.
Ce livre, je l'ai découvert sur les étagères de ma petite librairie de quartier. Une sorte de Légumes pour les nuls.
Depuis que je commande des paniers de légumes hebdomadaires (pas bio mais provenant de producteurs locaux), je me retrouve souvent avec des légumes que je n'aurais jamais achetés spontanément, genre des panais, des betteraves, des radis noirs, des navets ou des boules puantes nommées red meat, dont je ne sais que faire. Comme je suis nulle en légumes et que je suis loin de posséder toute la collection des livres de l'Epure, je vais souvent puiser un peu d'inspiration dans ce livre qui est très bien fait malgré l'absence de photo.
C'est là que j'ai trouvé l'idée du gaspacho (ou plutôt velouté froid) pour les trois petites betteraves crapaudines que je voulais, au départ, manger à la manière de Natalia : mixées avec un peu d'eau, de l'ail haché, du vinaigre de Xérès, de l'huile d'olive, elles firent une soupe exquise.
Sur ce, je vous laisse. J'ai encore des cartes à écrire, des colis à expédier, des documents (de travail) à imprimer, des gens à voir, des coups de fil à passer, des vêtements d'été à repasser et une valise à faire avant de m'envoler demain pour une destination chaude et, je l'espère, ensoleillée.
Je me rends compte que je ne peux pas décemment partir sans vous livrer la recette du bonheur de Tolstoï. Attention à la foudroyance de la révélation :
"Si vous voulez être heureux, soyez-le !"
That's all Folks! (Je reviens pour Noël ; d'ici là, prenez soin de vous !)