
Chaque année, c'est
le même cirque... Les choses à faire... à ne pas faire...
Au nouvel an, on doit porter des
habits neufs (je suppose que c'est à cela que servent les soldes d'hiver) ; en revanche, il est déconseillé, à partir du premier de l'an, d'acheter de nouvelles chaussures. Et ce pour une histoire de calembour ("chaussures" en cantonais,
hai, sonne assez mal ; en mandarin,
xie, "chaussures" donc, se prononce plus ou moins "chiait", avouez que ce n'est pas terrible non plus...).
Au nouvel an, on colle sur les portes et murs de sa maison l'idéogramme
fu (bonheur). Mais à l'envers, toujours pour une histoire de calembour
(dao "renverser" est plus ou moins homophone de
dao "arriver", donc bonheur renversé = bonheur arrivé... Limpide, non ?).
Au nouvel an, on souhaite une bonne année en
4 syllabes (
xin nian kuai le), une bonne santé en 4 syllabes (
shen ti jian kang), plein de pépettes en 4 syllabes (
gong xi fa cai), et tout plein de bonnes choses encore... en 4 syllabes (le Chinois aime la régularité).
Au nouvel an, on allume des guirlandes de
pétards (enfin, pas nous). Soi-disant pour chasser les mauvais esprits (moi, je dirais pour chasser les gens tout court - j'ai un oncle qui est devenu presque borgne après avoir reçu une mini-fusée dans l'oeil quand il était gamin, à Hong Kong).
Au nouvel an, on met du
rouge partout.
Au nouvel an, on distribue aux enfants des
petites enveloppes rouges (
hong bao) contenant des sous et accessoirement des bonbons (ou inversement). Dans cette histoire, les adultes non mariés et sans enfant sont eux-mêmes considérés comme des enfants. Ce qui n'est pas pour me déplaire.
Au nouvel an, il ne faut pas faire le
ménage. Surtout ne pas balayer le sol. Parce qu'on s'imagine que la bonne fortune pourrait se déguiser en saleté ou en poussière (c'est cela oui...).
Au nouvel an, on sert du
poisson à table. Un poisson entier... auquel il ne faut pas toucher, parce qu'il se mange le lendemain. Calembour oblige (
yu "poisson" se prononce comme
yu "surplus". Donc si vous voulez avoir du surplus pour l'année, il ne faut pas le manger tout de suite).
Au nouvel an, on mange plein de choses dont le nom
sonne bien (encore les calembours) : des mandarines, des boulettes, notamment des boulettes de riz gluant :
tang yuan (fourrées aux haricots rouges, sésame noir ou cacahuète, principalement), et aussi du
nian gao, "gâteau de l'an" (ma maman en fait du salé avec du radis râpé et des morceaux de saucisse). Sans parler des raviolis (
jiao zi), qui ressemblent aux petits lingots anciens (vous ne trouvez pas que le Chinois est obsédé par les pépettes ?).

Mais comme je n'aime pas le nian gao, que je n'ai jamais fait de raviolis (j'en ai toujours plein le congélo), et qu'il n'est pas utile que je vous explique comment manger une mandarine, je vais plutôt vous parler des
dou sha tang yuan : les boulettes de riz gluant aux haricots rouges.
En même temps, j'en profite pour laisser libre cours à ma monomanie hongdouesque, avec un billet à la
Loukoum°°°.
Un billet tout rouge, que je dédie à tous les foldingos des haricots rouges.
Tang yuan
pour une vingtaine de boulettes
200 g de
farine de riz gluant140 ml environ d'
eau chaude180 g de
purée de haricots rouges (de préférence de la japonaise, qui est meilleure que la chinoise, sinon
maison)
Mettre la farine dans un saladier.
Verser l'eau petit à petit en mélangeant.
Pétrir quelques minutes.
Une fois que la pâte a la consistance de pâte à modeler, en prélever de petits bouts, former des boulettes, les aplatir, placer une grosse c.c. de purée de haricots rouges sur chacune d'entre elles, et refermer les boulettes en soudant bien (faire attention à ne pas les percer).
En attendant de les cuire, les recouvrir avec un linge humide.
Faire pocher les boulettes dans une casserole d'eau frémissante.
Une fois qu'elles sont remontées à la surface, les laisser cuire encore une ou deux minutes.
On peut servir ces boulettes avec l'eau de cuisson, ou avec un sirop léger (pour éviter qu'elles ne collent).
Les boulettes qui ne sont pas cuites immédiatement doivent être congelées assez rapidement.
Evidemment, on peut les fourrer avec de la pâte de sésame noir, ou de cacahuètes, ou de la crème de lotus.
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La purée de haricots rouges peut également servir à fourrer des brioches à la vapeur : les
dou sha bao. Pour la recette, c'est par
ici.

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Je continue avec une autre recette traditionnelle : la
soupe sucrée de haricots rouges (hong dou tang). Cliquez
ici pour la recette.

Incontournable (bonus : elle est très bonne avec des petits morceaux d'orange confite).
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Si vous avez fait trop de soupe de haricots rouges, ne désespérez pas : elle se recycle sans problème en
bâtonnets glacés (marche à suivre
ici).

Vous ajoutez un peu de sirop d'agave (ou d'érable) à la soupe, et vous versez dans les moules adéquats. C'est tout.
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Avec de la purée de haricots rouges, on peut aussi faire des
carrés aux flocons d'avoine et haricots rouges. L'association est heureuse, et ça change de la confiture et du chocolat.

100 g de
beurre demi-sel fondu
125 g de
farine80 g de
flocons d'avoine90 g de
cassonade1/4 c.c. de
bicarbonate de soude300 g de
purée de haricots rouges (je me répète : de préférence de la japonaise, qui est meilleure que la chinoise, ou purée
maison)
Préchauffer le four à 180 °C.
Tapisser le fond d'un moule (rectangulaire ou carré) de papier sulfurisé.
Dans un grand bol, mélanger le sucre, la farine, les flocons d'avoine et le bicarbonate de soude.
Ajouter le beurre fondu et mélanger jusqu'à obtenir une pâte sableuse.
Recouvrir le fond du moule avec un peu plus de la moitié des "miettes".
Etaler la purée de haricots rouges sur la surface (étape très délicate, vu la texture compacte de la purée).
Recouvrir avec le reste des miettes et presser légèrement.
Enfourner environ 30 minutes à 180 °C.
Laisser refroidir avant de découper en petits carrés.
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Pour finir, une recette bricolée à partir de celle du gâteau vanille et marron du livre
Gâteaux de mamie :
Fondant aux haricots rouges (u.a. pour
Natalia, mieux vaut tard que jamais) :

500 g de
purée de haricots rouges (pour ceux qui n'ont pas lu les autres recettes : de préférence de la japonaise, qui est bien que la chinoise, ou purée
maison)
40 g de
sucre vanillé3
oeufs100 g de
crème de sojaPréchauffer le four à 150 °C.
Casser les oeufs en séparant les blancs des jaunes.
Monter les blancs en neige bien ferme avec la pincée de sel.
Mélanger dans un saladier la purée de haricots rouges, les jaunes d'oeufs, le sucre et la crème de soja.
Incorporer délicatement les blancs en neige.
Verser dans un moule à cake beurré et fariné, et enfourner environ 60 minutes à 150 °C.
Laisser refroidir avant de démouler.
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N.B. 1 : Et encore, je ne vous raconte pas les superstitions du quotidien, genre : ne jamais partager une poire à deux, ne jamais rendre visite à un malade quand on est enceinte, ne jamais bouquiner à proximité d'une table de
mah-jong, sous peine de se faire virer illico par les joueurs, etc. Bref, vous ne pouvez pas faire un geste sans consulter un(e) spécialist(e) ès superstitions.
N.B. 2 : Sur ce, je vous laisse. De toute façon, vous avez tout ce qu'il faut pour réussir le passage à la nouvelle année, hein ?