Si vous faites le tour du Ring (le boulevard circulaire autour du 1er arrondissement) en tram, vous ne pouvez pas le louper. Le marché de Noël du Rathaus (l'Hôtel de ville) est le plus grand, le plus imposant, le plus visible. Les guirlandes lumineuses accrochées aux arbres (coeurs, bonshommes de neige...), la façade du Rathaus illuminée et décorée d'un calendrier de l'Avent vous signalent la présence d'un lieu important. Indeed (comme diraient les Anglais). Ce marché de Noël, qui s'étend sur l'esplanade du Rathaus, est ce qu'on pourrait appeler une "grosse machine". Commerciale, populaire et pas forcément très authentique. Pourtant, je lui trouve un certain charme avec ses illuminations et son sapin géant, quelque part il me rassure. Et puis, je ne sais pas résister à l'appel de Potato Jim (le stand de pommes au four), ni à celui du Beerenpunsch (Punsch aux fruits rouges), que je n'ai trouvé qu'à cet endroit. Pour atteindre le stand, il faut affronter la cohue, jouer des coudes : c'est que le Punsch se mérite. Et celui-ci vaut bien quelques efforts.
Enfin, vous quitterez le marché du Rathaus sous les regards de Molière, Shakespeare, Goethe, et autres grands dramaturges européens, qui vous observeront du haut du Burgtheater (le théâtre national) (et dire qu'il m'a fallu aller à Vienne pour rencontrer Molière...).
Un peu plus loin, du côté de Freyung, c'est un autre univers. Un mini marché de Noël. A peine deux, trois allées. C'est plus intime, plus confidentiel. On en fait vite le tour (pour peu qu'on ne s'arrête pas à chaque stand de décorations de Noël pour se constituer sa collection). Mais, on y remarque les mêmes attroupements autour des stands de Punsch. C'est normal : le Viennois carbure au Punsch durant le mois de décembre.
Si vous vous éloignez un tout petit peu du 1er arrondissement pour vous aventurer dans les petites ruelles pentues du quartier de Spittelberg (dans le 7ème), vous ne serez pas déçu. Le marché du Spittelberg est celui qui a le plus de charme, sans doute parce qu'il s'intègre bien au site, et les stands se poursuivent parfois jusque dans des petites cours intérieures. Allez chercher une galette de pommes de terre au stand de Kartoffelpuffer, vous pourrez y admirer une belle spirale de galettes. Et puis, rien de tel qu'un Punsch à l'orange bien fumant pour se réchauffer. Parce que malgré vos trois paires de chaussettes superposées, vos pieds sont désespérément gelés.
Après la visite du château de Schönbrunn (ce que je n'ai jamais fait, honte à moi), ou bien l'ascension jusqu'à la Gloriette par -5 °C (ce que j'ai en revanche pratiqué à plusieurs reprises), vous pourrez vous réconforter en faisant le tour du marché installé à l'entrée du château. Il s'agit d'un alignement de stands formant un rectangle ; c'est dépouillé, mais l'essentiel est là : je veux parler, bien entendu, du Punsch et des pommes au four (en fait, il y a bien plus de choses que ça sur les marchés de Noël, les gourmandises sont innombrables, mais je fais une fixation sur le Punsch et les patates). Ce jour-là, en dépit de l'heure matinale, nous nous étions rués sur le Punsch (qui s'imposait), et devant le four vintage Pickwick, notre curiosité l'a emporté : nous n'avons pu faire autrement que de goûter à ces pommes au four délicieusement décadentes...
Chaque année, notre sapin de Noël porte sur lui tous ces souvenirs...
Apfelpunsch (ou le Punsch un peu normand)
pour 2 mugs
1 sachet de thé noir
10 cl d'eau
50 cl de jus de pomme
1 c.s. de miel
1 bâton de cannelle
1 clou de girofle
8-10 cl de calvados
Faire chauffer l'eau et y faire infuser le sachet de thé.
Ajouter le jus de pomme, le miel, le bâton de cannelle (fendu en longueur avec la pointe d'un couteau), le clou de girofle, le calvados, et faire chauffer jusqu'à frémissement.
Laisser infuser dix minutes.
Servir dans des mugs rapportés de là-bas, pour s'y croire un peu encore...
D'autres recettes de Punsch :
Beerenpunsch (fruits rouges), un peu comme au Rathaus
Blutorangenpunsch (orange sanguine)